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Marilyn Monroe, sa vie, ses films.
Biographie

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 Marilyn Monroe est née le 1er juin 1926 à Los Angeles sous le nom  de  Norma Jean Mortenson. Son père mourut avant sa naissance dans un accident de voiture ou peut-être de motocyclette. La petite Norma rêvait d'un père qui ressemblait à Clark Gable. Quant à sa mère, elle était monteuse de films à la R.K.A. C'était une belle femme, malheureusement elle allait mal psychiquement : trompée, abandonnée, veuve puis folle, elle se débarrasse de sa fille qui alla de pension en orphelinat. Elle a fait environ 12 familles différentes.

Elle ne vécut pas une jeunesse très heureuse : à 2 ans à moitié étranglée par un voisin hystérique ; à 6 ans « un ami de la famille » tenta de la violer. Petite, elle bégayait, souffrait de migraine et songeait au suicide.

 

A l'âge de 16 ans, Norman Jean travaille  dans une usine d'aviation. C'est là qu'elle fut photographiée par un agent publicitaire de l'Armée qui pensait que ses photos, distribuées parmi les combattants, contribueraient à affermir le moral.

Ensuite, Marilyn se maria pour éviter peut-être de retourner à l'orphelinat. Elle l'appelait Daddy, lui Baby. Plus tard, elle déclara que ce mariage lui apporta un grand vide. Lui fut mobilisé ; elle posa comme modèle. Elle divorce en 1946. A ce moment-là, on la voit sur plusieurs couvertures de revue ; les directeurs de la 20th Century Fox la remarquèrent et lui signèrent un contrat d'un an, à 125$ par semaine et changèrent son nom en celui de Marilyn Monroe. Un caméraman déclara, à l'époque : « La beauté naturelle plus son complexe d'infériorité lui donnent une apparence énigmatique».

 

Elle apprit l'art dramatique à l'Actors' Lab, à Hollywood, s'initia à la littérature à Los Angeles ; sa vie était simple. Elle jouera plus tard « Comment épouser un millionnaire » mais, à l'époque, les millionnaires la laissaient indifférente. Elle aimait l'indépendance. Pour la 20th Century Fox, elle n'était qu'une blonde, parmi d'autres blondes, perdue dans une foule où l'être d'exception passait inaperçu. Au bout d'un an, la Fox jugea inutile de renouveler le contrat.

 

Marilyn continue à poser. Pour 50$, elle posa nu et anonymement sur un fond de velours rouge pour le photographe Tom Kelley. Vendu à 900$ à un imprimeur, le cliché fut reproduit sur un calendrier. La vente rapporta 750,000$.

 

Plusieurs années après, les compagnies qui avaient pris Marilyn sous contrat craignirent que la divulgation de la photo reproduite sur le calendrier ne nuise à sa carrière mais elle refusa de se désavouer. Enfant, elle rêvait qu'elle marchait, nue, dans une église, au-dessus des corps prosternés de ses amis, de ses voisins et de ses parents nourriciers « en veillant à ne toucher personne ».

 

 En 1950, elle joua un petit rôle dans le film « Quand la ville dort ». Joseph Mankiewicz la vit et la retint pour « Eve » et Zanuck, la voyant dans « Eve », l'engagea pour le compte de la 20th Century Fox ; celle-ci lui signa un contrat de 7 ans avec un salaire de départ de 500$ par semaine. Mais l'argent ne fait pas la vedette. Ce que Hollywood veut ce sont des stars et des visages capable d'attirer magiquement le public dans les cinémas malgré la concurrence d'autres distractions tels que la télé, jeux de boules, autos, sommeil. En Amérique, plus d'argent est synonyme de succès. Le soir, elle préfère lire (elle possédait environ 200livres) plutôt que de sortir. « Troublez-moi ce soir » rapporta 26,000$ la 1ère semaine. « Niagara » et « Les hommes préfèrent les blondes » suivirent à un rythme rapproché. Dans le 1er film, les formes de Marilyn étaient simplement silhouettes, dans le second ses rondeurs étaient habilement estompées pour satisfaire au code qui, excluant le nu, fournit aux amateurs de quoi alimenter leur imagination.

 

Vedette à part entière en 1954, elle tourna, cette année-là, « 7 ans de réflexion ». Ce soir-là, elle fit la connaissance de Clark Gable, naguère père imaginaire de l'enfant sans père qu'elle était ; à 28ans, elle dansa dans ses bras. Elle portait une jolie robe en mousseline. A l'âge de 12ans, elle était à l'école avec un chandail bleue. Les garçons se mirent à crier, à se rouler par terre. Pour la 1ère fois de sa vie, elle avait des amis. Elle continuait de porter ce chandail afin de garder ses amis. La fonction essentielle du cinéma, son unique raison d'être, était de satisfaire les derniers et sacro-saints caprices des spectateurs. Ce qui valait pour Hollywood était bon pour les USA. Profit et démocratie ont toujours fait bon  ménage. Fin 1951, Miss Monroe était celle qui décorait le plus de murs. La 20th Century Fox recevait, chaque mois, des milliers de lettres de gens qui réclamaient sa photo.

 

Pourquoi Marilyn plutôt qu'une autre ? Ses admirateurs qui l'avaient vu dans un film n'étaient qu'une poignée ; son nom était inconnu de la plupart. Mais quoi qu'il en soit, le phénomène Monroe est indéniable. Il s'imposait, le public en était conscient, il défiait les imitations ; son anonymat même fut peut-être un de ses principaux charmes. Parfaitement sexy, elle était parfaitement muette. Tant qu'elle  fut une image sur un mur, elle ne pût ni circonvenir, ni reléguer dans l'ombre un partenaire ; pendant qu'elle attendait, telle la poupée en papier de la chanson, nul n'aurait eu l'idée de s'en emparer. Entretenir des relations avec elle était par conséquent facile, sans complication ni problème. Et, surtout, elle prodiguait la plus grande et la plus désintéressée des satisfactions, ne demandant en échange ni plaisir, ni contrepartie, ni collaborations, ni réciprocité.

 

Dans le film « 7 ans de réflexion », la pin up se mue en être de chair.  Dans ce rôle (elle est convoitée par son voisin du dessous), une telle relation l'obligerait à lui reconnaître une dimension 100% humaine, à voir en elle non seulement un être aux proportions idéales, mais aussi un être pensant et intelligent.

Lasse du succès que lui apportait  l'application d'une formule qui avait fait ses preuves, Marilyn Monroe éprouva peu à peu le besoin de devenir une actrice, c'est-à-dire d'utiliser, mais en la sublimant, sa féminité.

Elle était l'incarnation de la femme telle que les hommes l'imaginaient.

 

A l'époque de son mariage avec Joe Di Maggio, en 1954, Marilyn avait fait sienne l'image que le public se faisait d'elle ; elle avait totalement oblitéré celle qu'elle avait d'elle-même. Or Di Maggio était bien réel, un être fait de chair et de muscles ; pour Marilyn, ce mariage était un bon mariage car il lui permettait de se définir elle-même. Pourtant, un an plus tard, ils divorçaient. Elle n'avait jamais été ni Mme Di Maggio, et elle le savait, ni la dame du 1er étage (cf. « 7ans de réflexions), ni la pin up. A cette époque de sa vie, comme le disait un de ses amis, Marilyn «  tentait  désespérément de découvrir qui elle était et ce qu'elle désirait ».

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Elle quitta le film "Comment devenir très célèbre" et annonça la création d'une compagnie indépendante, la Marilyn Monroe Production Inc. Voulait-elle plus d'argent ? Possible Mais d'un autre côté, selon les mots d'Eli Wallach « elle suffoquait à Hollywood et était décidée à ne pas passer le reste de ses jours simplement à frétiller du derrière ».

 

Elle voulait étendre son champ d'activités, élargir son objectif. Elle voulait interpréter des personnages nettement typés, « telle Grouchenka ». Cette ambition, on la lui reprochera ironiquement comme son expérience d'enfant abandonnée et de reine parmi les paysans et les débauchés, riches et pauvres, de la Californie du sud devait, obligatoirement l'empêcher d'être attirée par les personnages de Dostoïevski.

 

Hollywood la minimisa en se moquant d'elle. Le metteur en scène Billy Wilder réduisit cyniquement ses projets à néant en déclarant d'une voix enjouée qu'il serait heureux de la diriger dans « Les frères Karamazov » et également dans une série de films dérivés  du premier « Les frères Karamazov remontant Abolt et Costello », par exemple. Contestant l'affirmation de Marilyn désireuse de perfectionner son jeu, Wilder exprime en une phrase ce que la majorité des marchants de pellicules et les Américains  amateurs de pin-up : « Dieu lui a tout donné. Cest un génie depuis le jour où un photographe a pris d'elle un cliché. ». Quant à la Fox, son employeur, sa conclusion est plus conventionnelle : « La 20th Century Fox est très satisfaite des résultats artistiques et financiers des films auxquels participe Miss Monroe ».

 

Pendant un an, à New York, elle mène une existence indépendante, étudiant l'art dramatique à l'Actor's Studio, avec Lee et Paula Strasberg. Elle étudie avec des professeurs. «  Pour la 1er fois, je me sentais acceptée non comme un phénomène, mais telle que je suis ». A cette époque, on la complimenta sur son jeu et sa santé s'améliora ; l'auteur dramatique Arthur Miller était alors de ses amis.

 

Comme la personnalité de Marilyn, celle de Miller intriguait les journalistes. Ils se marièrent.

Il y a une incompatibilité présumée entre l'intelligence et la beauté, l'amour et l'intellect, le charme physique et la sensibilité.

 

N'ayant pas de voile allant avec son tailleur beige, Marilyn se servit de café pour le teindre. Miller, lui, qui était fortuné, ne possédait que deux costumes. Il posa gauchement devant les photographes ; il estimait, dans une probable réaction de mauvaise humeur, qu'il devait faire le contraire de ce qu'on attendait du mari de Marilyn Monroe, cest-à-dire qu'il embrasse sa femme à tout instant. A la question la plus souvent posée par les journalistes obsédés : « Que porte Marilyn quand elle est au lit ? ». Il opposa un mutisme total. Au verso d'une photo de mariage, Marilyn écrivit trois fois le mot « espoir ».

Miller parlait toujours d'elle en qualité d'actrice, d'individu, d'intelligence et jamais comme d'un phénomène. Il a dit qu'elle avait le plus profond respect pour l'art dramatique, au point qu'une partie d'elle-même a toujours honte de ce qui sépare ce qu'elle fait du but qu'elle s'assigne.

 

Dans la nouvelle « Please Dont Kill Anything », Miller parle de la conception qu'il a de Marilyn, une jeune fille « à la silhouette attirante » qui déplore la mort de poissons sur la grève. Jadis, pendant son premier mariage, Marilyn avait tenté de mettre une vache à l'abri de la pluie en la faisant rentrer chez elle. Sous le nom de Rosalyn, dans la pièce de Miller, « The Misfits », elle s'insurge contre l'abattage des chevaux.

 

A l'automne 1956, le couple Miller se rend en Angleterre où Marilyn tourne « le prince et la danseuse » de et avec Laurence Olivier. Confrontation « inconcevable » note le magazine « Life » qui use du même adjectif pour décrire l'union de Miller et de Marilyn. Eux aussi les journalistes anglais s'enquièrent de ce qu'elle porte au lit.

 

Le film fut terminé non sans de affreux leurres entre les principaux protagonistes. Quand tout fut fini, miss Monroe fit des excuses aux autres acteurs pour avoir été exécrable. Pour certains critiques, cet aveu d'une femme riche, célèbre, mariée à un écrivain connu et dont rien ne justifiait apparemment le mauvais caractère, était un cri de désespoir.

 

Deux fausses couches et une opération gynécologique dans les mois qui suivirent eurent peut-être plus d'importance encore que deux films, une comédie légère « Certains L'Aiment Chaud » et « Le Milliardaire » qu'elle tourne  avec Y. Montand ; l'hommage qu'elle rendit à la conscience professionnelle de sa partenaire, fut éclipsé dans les journaux par les rumeurs selon lesquelles Montand et elle étaient amoureux l'un de l'autre.

 

L'été 1960, commence le tournage, dans le Nevada, de « Misfits ». Ce sera son dernier film et aussi celui de Clark Gable ; au mois de septembre, fatiguée, elle s'arrête puis le travail reprend et le film se termine. En février 1961, divorcée de Miller, Marilyn entre en traitement dans une clinique psychiatrique de New York. Quatorze mois plus tard, elle recommence à tourner dans « Something Got To Give » mais elle tourne à peine la moitié des scènes et le retard tourne à la catastrophe. D'après « Life » : « Elle était souffrante, elle la dit à plusieurs reprises ». « Elle renie son contrat », selon la 20th Century Fox. La sonnette d'alarme retentit. La Fox licencie la vedette et introduit en justice une demande d'indemnité de 750.000$ ». A ses partenaires et au personnel du film, Marilyn adresse un message qui rappelle celui qu'elle envoyait, 6 ans auparavant, après le tournage du « Prince et la Danseuse » (elle s'était donc excusée).

 

Quatre mois plus tard, on la découvre morte dans son lit. Quelle que soient les véritables raisons de son suicide : 3 mariages ratés, 2 fausses couches, absence de son père, folie de la mère, enfance sans foyer, presse sans pitié, révélations des psychiatres, la perte de confiance en elle-même est un fait acquis.

 

Les premiers articles consacrés à la mort de Marilyn firent état de la découverte de son cadavre nu, par la suite, on rétablit la vérité ; pour la première fois, on apprit ce qu'elle portait pour dormir. Et pourtant, même à ce moment-là, les gens demeurèrent sceptiques. Comme le disait un cinématographe : « Ce n'est pas possible, elle na pas pu se suicider, elle avait trois choses en train ! ».

 

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